Dans La Maladroite, roman paru en 2015, Alexandre Seurat conte les événements qui ont mené à la disparition de la petite Diana, victime de maltraitance. Nous découvrons, au fil du récit, comment chacune des personnes l’ayant croisée au cours de sa courte vie a joué un rôle dans sa disparition.
L’auteur fait usage de la polyphonie narrative afin d’apporter au lecteur un aperçu des points de vue de chaque personne impliquée dans l’affaire. Il est suggéré, très tôt dans l’histoire, que les parents sont seuls responsables de la disparition de leur enfant. Pourtant, au fur et à mesure que nous découvrons la nature des relations entretenues entre l’enfant et les autres personnages de ce récit, nous nous apercevons que tous ont une part de responsabilité dans sa disparition. Chaque petite (in)action, nous le découvrons, engendre un effet boule de neige. Lorsque l’un des personnages choisit de ne pas réagir au mal-être apparent de Diana, il.elle contribue indirectement à sa souffrance. Le choix de la polyphonie narrative permet, donc, une étude des thèmes de la culpabilité et de la responsabilité.
L’auteur souligne, par ce format, que chaque (in)actions, même minime, peut avoir de grandes conséquences ; c’est ce qu’on appelle l’ « effet papillon ». Nous pourrions, ainsi, établir une parallèle entre le présent ouvrage et le film à succès Contagion, sorti en 2011. Le réalisateur, Steven Soderbergh, fait aussi usage de la polyphonie dans son œuvre. Afin d’illustrer la progression fulgurante du virus dans l’histoire, celui-ci démontre comment divers individus contribuent, par inadvertance, à cette prorogation. Le choix de la polyphonie narrative permet ici d’évoquer la réelle complexité d’une chaîne de contamination. Comme dans La Maladroite, nous découvrons ainsi que la responsabilité d’une tragédie repose que très rarement sur une seule personne.