« Je suis devenue ta mère. Elle est venue la merveille, avec l’obscur qui la précède. »
Toutes les femmes sauf une raconte l’histoire de Marie qui vient de mettre au monde la petite Adèle, la toute nouvelle descendante d’une famille où, de mère en fille, les relations tumultueuses s’enchaînent sans qu’aucun maillon n’arrive à se défaire de cette lignée persécutrice.
« La peur d’elle est inscrite au cœur de mes cellules, depuis l’origine de la matriligne où la première mère a terrorisé la première fille. »
De femme à femme, génération après génération, les mêmes paroles sont transmises pour enfermer un peu plus le sexe féminin dans des normes sociales étouffantes, initialement définies par les hommes mais perpétuées par les femmes. Rouage après rouage, le mécanisme se met en place jusqu’à créer une véritable machine de haine que les femmes éprouvent pour leur propre sexe.
« Je suis une connasse occupée à tuer sa mère dans un livre, au lieu d’allaiter. »
Les injonctions de cette mère qui n’a pas su montrer de l’amour maternel rythment et organisent le récit ; les titres des chapitres témoignent de l’indifférence et du manque d’affection dont a été victime Marie tout au long de sa vie : « Tu fais ta vie, maintenant. », « Je ne suis pas ta copine. », « T’aurais pu faire mieux. » Ces reproches s’insinuent sous la peau comme des piqûres de rappel qui enveniment l’esprit et les relations mère-fille. En critiquant ces femmes, Maria Pourchet donne de la voix à celles souhaitant se libérer de cette emprise et leur permettre, à leur tour, d’empêcher cette répétition où « il n’est pas question d’amour mais de machines. »
« Nul n’entend que moi sa voix qui toutes les nuits me tient debout, insomniaque. Mauvaise fille. Mauvaise élève. Mauvaise mère. J’écris pour qu’elle se taise. »
Marie dépeint avec courage ces violences et exigences subies grâce à la naissance de sa fille qui lui permet d’écrire. D’écrire et de décrire sa vie, un cri de souffrance qu’elle expulse comme un second accouchement, avec violence mais faisant preuve d’une justesse viscérale. Maria Pourchet fait de sa plume une arme pour dévoiler au grand jour ce dont les femmes sont capables. Toutes les femmes sauf une est un récit fort en émotions et poignant, cherchant à confronter le sexe féminin face à ses méfaits, que l’on soit fille, petite-fille, mère ou future mère.