Continuer, ou recommencer ?

Samuel et Sybille ont une relation mère/enfant qui semble compliquée. Il ne la supporte pas quand elle parle Russe, ne supporte pas quand, je cite, elle « l’emmerde à Bordeaux ». Cette famille, composée de Sybille la maman, Benoît le papa et l’ex-mari de Sybille, et Samuel, leur enfant. C’est une famille que l’on peut considérer de classique de nos jours. Mariés pendant 17 ans, ils divorcent et Sybille élève seule son fils. Pourtant, malgré l’amour qu’il y a pu avoir entre les deux, ils se chamaillent et il y a des cris, auxquels Samuel assiste : Sybille veut l’emmener avec elle dans les montagnes du Kirghizistan, loin de tout ce qu’ils connaissent.

Continuer, roman de Laurent Mauvignier, paru en 2016 aux Éditions de Minuit est un roman bouleversant de vérité et d’actualité. Cela n’a jamais été aussi normal qu’aujourd’hui que d’avoir des familles qui se séparent et qui se réparent. Et c’est ce que Sybille entreprend ici. Elle veut se réparer elle, mais réparer Samuel, qui sombre doucement dans une vie qui n’est pas la sienne. Elle veut le protéger. Elle veut être mère. Elle est mère. Et elle prend enfin son rôle à cœur, et, pour une fois, comme elle l’entend.

Tout au long de l’extrait, on sent l’évolution de l’amour que Simon porte à sa mère. C’est une image très moderne de la famille, qui n’est plus la même que celle il y a 30/40 ans. Une famille, aujourd’hui, peut-être composée de 2 personnes. Et c’est le choix qu’ont fait Sybille et Simon. Benoit, lui, n’apportait que du négatif dans cette famille classique. Sans s’en rendre compte, sûrement, il avait transformé Sybille en une autre version d’elle-même, une version qui n’était pas elle. En s’affranchissant de Benoît et de la vie qu’elle connait si bien, elle s’est découverte elle-même et Simon a suivi le mouvement, et s’est découvert grâce à sa mère.

On ressent que Laurent Mauvignier a voulu faire paraitre une image de famille « imparfaite » aux premiers abords, puis au fur et à mesure de la lecture, l’évidence saute aux yeux : la mère et l’enfant n’ont besoin que d’eux deux. Ici, c’est l’image type de la famille qui est critiquée et c’est la nouvelle famille, la nouvelle vision de celle-ci qui est mise en avant. On ressent tout de même la critique dans les pensées du père et lorsque celui-ci est mentionné, mais on ressent également que ce dernier subit le tournant qu’a pris sa vie et ne sait pas comment réagir. « Soudain, c’est comme si son fils l’impressionnait. Alors il garde ses questions pour lui, les marmonne, mais Samuel ne les entend pas. Et parfois Benoît les dit un peu plus fort, son fils ne répond pas, est-ce qu’il les entend ? Est-ce qu’il écoute ? » Cet extrait est très fort et est très important dans l’histoire car, malgré ce que l’on a pu lire auparavant démontrant un Benoît très conforme aux règles, en désaccord avec son ex-femme, et qui joue le rôle de l’homme fort, on aperçoit un fragment d’une fragilité chez lui. Benoît, le père, l’homme, a des sentiments. Et ces sentiment sont parfois difficiles à avouer pour les pères de familles. Ils représentent un roc, rester de marbre, ne pas montrer que les hommes peuvent, eux-aussi, avoir des sentiments. On y voit donc, ici, une critique très claire de la vision de la famille dans un système patriarcal, qui change et évolue de plus en plus dans la société actuelle, comme tout au cours de ce roman.

Ce roman bouleversant montre un nouveau visage de la famille, qui laisse désormais place à la liberté, l’amour, et la découverte. Dans des temps comme aujourd’hui, ce roman respire de sincérité et d’émotions.

Auteur

  • Bac L suivi d'une licence LLCER anglais, je suis passionnée de littérature anglaise et du storytelling. Je souhaiterais devenir storyteller dans un studio d'animation, afin de travailler sur les manuscrits.

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