La condition de la femme n’a jamais été une priorité pour toute personne autre que les femmes elles-mêmes. Le respect, un mariage d’amour, ce sont des choses auxquelles certaines femmes n’ont pas accès et ne l’auront sûrement jamais. C’est ce que raconte l’histoire d’Hindou dans le roman Les Impatientes, de Djaïli Amadou Amal, sorti en 2020. Hindou, mariée de force à un homme qu’elle ne connait pas, souffre en silence et accepte sa destinée. Alors que dans le roman Otages de Nina Bouraoui, paru en 2020, c’est également une histoire de femme coincée par la société, mais qui reprend ses droits. Mais femmes représentées comme soumises et obligées par les hommes à faire des choses dont elles n’ont pas envie, ne seraient-elles pas les femmes les plus fortes de l’œuvre de fiction ?
« Soyez soumises ! » Hindou, femme forcée dans un mariage qu’elle ne veut pas, forcée par sa famille, montre une force de caractère forte et déterminée. Ce sont les mêmes valeurs que Sylvie dans Otages utilise pour porter son combat jusqu’à la fin de sa révolte, déguisée en prise d’otage de son patron. Ce ne sont pas les mêmes situations, ni les mêmes femmes, mais leur force les unit.
« J’existe sans exister », dit Hindou, lors de son monologue intérieur. Et c’est le cas de beaucoup de femmes. Des femmes seules, mariées, divorcées, PDG de grandes entreprises ou fonctionnaires. Peu importe leur situation personnelle et professionnelle, les femmes ont tendance à vivre à travers leurs paires masculines, malgré elles. Sylvie, employée de bureau dans une entreprise de caoutchouc, devient tout à coup le contraire de ce qu’elle a été toute sa vie : elle prend ses sentiments et sa vie en main, en arrêtant d’être ce que tout le monde souhaite qu’elle soit, et devient ce qu’elle souhaite. Une femme indépendante, malgré le mauvais choix d’indépendance : on ne prend pas en otage son patron lorsque l’on est à la limite du burnout. Hindou et Sylvie ont un autre point commun : elles se font exploiter par les hommes de leurs vies. Que ce soit par le père qui la marie de force, ou par le patron qui lui demande de faire des heures supplémentaires, d’effectuer le travail de plusieurs personnes, ou bien même le mari qui divorce sans se retourner, en ne s’occupant pas des enfants. Ayant des vies drastiquement différentes, Hindou et Sylvie pourrait être la même femme.
Les femmes de nos deux romans sont des femmes piquées à vif, usées par la vie qu’on leur a imposée. La seule différence entre elles est que Sylvie, ne supportant plus cette vie, décide de passer à l’action et de faire subir à son patron un semblant de ce qu’elle a subi toutes ces années. Alors qu’Hindou, femme emprisonnée dans un mariage et dans une vie qui n’est pas la sienne, se résigne et lutte, en silence, pour sa liberté. Mais Les Impatientes est aussi un livre choral, contrairement à Otages, avec plusieurs récits de femmes différentes, Hindou, Ramla et Safira. Elles sont toutes les trois reliées, malgré le fait qu’elles soient seules dans leur coin, n’ayant pas de bouée de secours. Et c’est ce qui fait leur force, ici.
« On a pas les moyens de claquer la porte, et parfois on rêve de partir », pense Sylvie dans son monologue intérieur. Les monologues intérieurs de Sylvie, s’étirant sur plusieurs pages, montrent à quel point Sylvie, malgré le fait qu’elle veuille montrer sa force, se sent infiniment seule. La solitude est un sujet longuement abordé dans les œuvres ayant pour personnage principal une femme. Lorsque ces œuvres sont écrites par des femmes, on y voit la douleur, la tristesse et même la dépression a plusieurs reprises. Mais avec ce thème présent dans ces œuvres, cela nous montre que ces femmes font preuve de courage face à l’adversité, et que dire est le premier pas vers, le changement que chacune espère, « munyal, patience »!
